PARTIE IV : PRISE DE CONSCIENCE DE L'INCONSCIENCE COLLECTIVE

Prendre conscience de l'inconscience collective au travers un désir libre de tous préjugés, au travers de la curiosité saine que j'ai pour l'autre. L'autre n'est pas disponible en tant qu'autre singulier. Il a des considérations d'une autre nature qui sont liées à son appartenance à l'inconscience collective. Avancer dans la connaissance de moi même ne se délègue pas : Imaginer, se projeter, fantasmer, réfléchir depuis les contenus issus de mon expérience empirique par le biais d'un regard libre de tous préjugés. (Connaissance de soi) I EN TANT QU'ÊTRE SINGULIER JE N'AI PAS PRÉJUGÉ DE QUI JE SUIS, JE SUIS DANS LA JUSTE IGNORANCE DE MOI MÊME. II LA CONNAISSANCE DE CELUI QUE JE SUIS SINGULIÈREMENT, CONNAISSANCE SINGULIÈRE DE SOI , S'OBTIENT AU TRAVERS DE L'EXPÉRIENCE EMPIRIQUE DEPUIS UN REGARD DÉFAIT DE TOUS PRÉJUGÉS. C'est bien parce que je n'ai pas préjugé de celui que je suis que j'ai le désir f

ETRE AMOUREUX D'UNE PERSONNE UNIQUE


Si je suis amoureux d'un autre être, ce n'est pas d'une identité que je suis amoureux, je ne suis pas amoureux d'un autre parce qu'il est Blanc.
Si je suis amoureux c'est que sans doute j'ai accédé à ce qui fait que cet autre est unique. Je suis lié à une personne unique, irremplaçable. De ce fait, j'ai précarisé ma situation.
Je ne suis plus dans l'amour maternel, filial par exemple qui semble aller de soi, je suis en dehors de la sphère familiale, comme nomade au fond, faisant ma propre expérience d'être unique.

« ce qui va de soi c'est ce qui va mal » Alain

La singularité de l'autre me rend dépendant si l'on veut dans la mesure où il devient irremplaçable car unique. Mon existence repose sur un autre qui est libre. On peut voir alors la passion amoureuse comme une passion salubre et salutaire, permettant à l'être de respirer en dehors du cadre familial et social. Il s'oxygène, il oxygène le cadre commun. Il sort du simple déterminisme. Il s'essaye à l'expérience sensible.
Aussi si l'être est enfermé dans un « on », qu'il a tendance à se rapprocher de ses semblables,
en tombant amoureux d'un être qui fait partie de son groupe identitaire, il va accéder à la singularité et de ce fait, chaque membre du groupe sera devenu pour lui singulier. Aussi le lien qui les unissait devient pour l'être , superfétatoire, négation de la singularité.
Donc la passion amoureuse vient défaire pour l'être la pertinence des amalgames, des préjugés. La passion amoureuse vient donc également défaire sur ce quoi jusqu'ici l'existence de l'être reposait. Elle va donc l'enjoindre à chercher activement, un autre mode d'être au monde, un devenir.


En accédant à la singularité de l'autre, par réciprocité de vue, j'accède à ma propre singularité.
Se connaître à travers l'autre et non les autres.



L'éprouvé sensible

Je n'ai pas choisi d'être blanc ni de l'image que renvoie cette identité,
d'être breton ni de l'image que renvoie cette identité,
je ne suis pas le seul blanc, ni le seul breton…
or dans la passion amoureuse, c'est un « je » vers un « tu »
on accède à l'autre, et réciproquement, la passion amoureuse est singulière.
Si l'identité empirique va avec l'aliénation et la déresponsabilisation,
à l'opposé la passion amoureuse vitalise l'être. Il sort du nid. Il fait sans se soucier de ce que les autres pensent. Souvent il est facile de prétendre que l'on se moque de se que les autres pensent, toutefois je dirais que l'être n'est pas en mesure d'être indifférent aux regard que les autres portent sur lui, mais on peut éprouver ce sentiment comme aliénant. Je suis affecté par le regard négatif, mais pour autant, je ne suis pas positivement affecté par le regard positif car je ressens ou j'ai conscience que ce regard positif est positif par négation de celui que je suis. Si un être a le désir de se lier avec moi parce que je suis Blanc, j'ai conscience que ce n'est pas moi qui l’intéresse mais quelque chose qui fait négation de celui que je suis. Au fond il y a une violence dans le préjugé défavorable comme dans le préjugé favorable. Si l'être désir le préjugé favorable c'est qu'il est ignorant de lui même.


La passion amoureuse est une propédeutique inconsciente à la raison

D'une part parce qu'elle participe pour l'être à la prise de possession de son je singulier,
c'est un « je » qui pense. Il faut donc bien pour pouvoir trouver son autonomie rationnelle, autonomie qui me permettra de cheminer vers ma majorité morale, que j'ai préalablement saisi mon « je » singulier. Une identité, un « on » ne pense pas. Un blanc, un Breton ça ne pense pas.
elle participe au fait que l'être va se défaire des déterminismes sociaux par exemple.
Puisqu'au travers de la passion amoureuse, de ce lien particulier avec un autre unique,
l'être dégrégarise son esprit, il se trouve dans une forme d’asile, les autres n'existent plus. Si les autres n'existent plus alors il est plus aisé de ne plus être déterminé par ce que les autres pensent, ou parce que je me figure de ce que les autres peuvent penser. C'est donc bien cet asile si particulier, qui favorise grandement la subjectivité de l'être. (on a peut être tort de considérer que par défaut l'être est subjectif, il est plus assurément grégaire)

Dans le travail préparatoire inconscient qu'est la passion amoureuse, l'être singulier prend conscience de lui même à travers l'autre. C'est donc par l'autre, grâce à ce lien particulier, que l'être est en mesure de rentrer dans un processus de gestation. De se mettre au monde en quelque sorte. L'autre joue donc un rôle essentiel.
Si la présence de l'autre, intime et singulière, me permet d'atteindre mon autonomie rationnelle, on peut dire qu'au delà de la présence concrète de cet autre, l'autre demeure en moi. C'est bien l'autre incarnant l'amour qui m'a permis de me faire libre. Qu'il est beau alors de considérer qu'un autre puisse engendre chez moi cet idéal conception.


La passion amoureuse a une finalité et donc une fin

On peut dire que parce qu'il y a passion, il y a ignorance d'un point de vue rationnel. Ce n'est pas directement la raison qui fait que je suis « captivé » par un autre. Aussi si la relation amoureuse me permet de prendre conscience, de saisir mon « je » singulier, mon autonomie rationnelle, je vais me trouver en face de la nécessité morale d'user de cette autonomie. Aussi si je suis nécessité par un tel usage je n'ai plus la disponibilité d'être « captivé » par l'autre. Il y a donc un terme à cette relation singulière amoureuse du « je » et du « tu »
c'est ce que dit le travail préparatoire, qui n'est autre qu'un intermédiaire.
La finalité de la passion amoureuse n'est pas de rester dans le « je » et le « tu » mais d'accéder au « nous ». Ce « tu » incarné je le retrouverai au sein du « nous ». une fois que j'ai saisi mon « je » singulier, l'asile du « je » et « tu » devient un cadre carcéral, un isolement. Car l'être pour répondre à son sentiment d'exister, ne peut trouver équilibre dans l'asile du « je-tu ». Si l'existence au sein de la conscience commune, conscience commune prémorale, se fait de manière identitaire, la distinction se déroule ainsi, dans le « je » singulier c'est le « je rationnel » et plus tard le « nous » qui fera sentiment d'existence pour l'être.

L'amour du moi et l'autre, devient l'Amour universel.

Il ne faut pas voir en cela une forme de cynisme, l'autre joue un rôle essentiel pour le moi, il lui permet d'accéder à une puissance, à une dignité. L'autre fait que je fais opérer chez moi une conversion du regard, mon regard ne sera plus empirique, ma considération ne sera plus empirique, mais transcendantale au cadre. Ce sera moi avec moi même, c'est à dire avec la raison. (dans un prochain article, on verra les différents stades qui permettent à l'être de passer du je singulier au je rationnel)


La conscience commune fait que conquérir ma singularité, ma liberté et ma responsabilité, augmente ma charge existentielle, me pénalise en tant qu'être. L'autre n'est pas attiré par celui que je suis, mais par ce que je représente. Il m'use tel un moyen, me chosifie.

Il est possible que ce qui attire l'autre vers moi, c'est ce que je représente à la lumière de l'extériorité. Je suis peut être un objet de désir mimétique, ou collectif qui permettra à cet autre de nourrir son amour propre, de parfaire son sentiment de réussite. Il incarnera une réussite à travers moi.
Cela est négation de celui que je suis, je suis chosifié par son désir, je ne suis qu'un moyen pour lui, un intermédiaire.
Il peut donc y avoir entre un être et un autre une utilisation mutuelle. Chacun utilise, malgré lui car il en est déterminé, l'autre comme un simple moyen. Et chacun essaye d'incarner une forme de réussite, de représenter quelque chose afin d'être une source d'attirance, de désir pour les autres. C'est ainsi que dans la négation de lui même, il évalue sa valeur et celles des autres à la lumière de l'extériorité.
On peut donc conclure, que lorsque l'être singularise son mode d'être au monde, il est en quelque sorte ostracisé, car s'étant défait de son identité empirique, ne collant plus à son apparence, il n'a plus de valeur aux yeux des autres, il est transparent à la lumière de l'extériorité. Et il ne peut nourrir chez l'autre le besoin de se sentir exister. Car en une fois que l'autre désire à la lumière de l'extériorité, ce n'est pas, non ce n'est pas saisir l'autre dans son unicité que l'être désire, mais appartenir à une identité fantasmée. Autrement dit dans cette configuration lorsque j'attire l'autre ce n'est pas pour celui que je suis, mais parce que l'autre au travers de son besoin d'exister à la lumière de l'extériorité, trouve dans mon appartenance empirique un moyen de répondre à ce besoin ontologique, qu'il est ainsi déterminé à désirer.
Donc se faire libre, responsable est une source d'ostracisation. La conscience commune fait peser un poids, augmente la charge existentielle de l'être cheminant vers là conquête de sa liberté. La liberté et la responsabilité est pénalisé par la conscience commune.

Pour l'être nécessité moralement à conquérir sa liberté, à se faire majeur moralement, la conscience commune devient une hétéronomie.




Le mode d'être au monde au travers du « je » singulier est une source d'étonnement chez l'autre, ou bien d'angoisse.

On peut rajouter que l'être au désir empirique, soucieux d'appartenir à l'époque, à la conscience commune est troublé par l'être dont le mode d'être au monde est celui de la singularité. Car par la réciprocité de vue, l'être qui est parvenu à sortir de son « on », qui a dégrégarisé son esprit, m'invite en quelque sorte à remettre en question ma propre appartenance empirique. Il me perçoit au-delà de mon apparence, il fragilise donc chez moi ce postulat. Son apparaître peut donc être perçu comme angoissant, car il peut remettre en cause ce qui pour moi est un simple postulat, une certitude passive.
Donc il est sans doute pertinent de dire que dans notre société, dans notre conscience commune, non seulement on n' aide pas l'être à se faire libre et responsable, ce qui n'est pas mal en soi, mais qu'en plus et surtout on en pénalise la conquête. On rend cette conquête pathogène, source d'angoisse.


Il est bon de ne pas sortir du peloton dans l'époque qui est la nôtre, car les circonstances sont hautement défavorables à une telle échappée. C'est une conquête cavalière. Si l'être moral à une intuition intellectuelle, l'être ayant un mode d'être au monde en phase avec la conscience commune, est guidé par son instinct.

"L'angoisse est le vertige de la liberté." Søren Kierkegaard


la passion amoureuse dégrégarise mon esprit.






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