On
va voir dans cet article, brièvement, ce que permet positivement la
suspension de jugement. (brièvement car ce sera le sujet central
du prochain dossier ES).
Le
jugement suspendu pousse l’enfant à se faire sensualiste.
A découvrir, observer et enregistrer
ce monde sensible
qui s'offre à lui. L'enfant est alors globalement avide de ce qui se
présente à ses sens.
En
effet quand l'enfant est encore libre de tous préjugés, le monde
qui l'entoure est pour lui une inconnue, un mystère et ce
mystère est vecteur de curiosité, une curiosité naturelle et
désintéressée. Alors que pour l'enfant qui préjuge de la réalité,
qui se contente de l'apparence, cette inconnue lui est voilée.
L'enfant
qui demeure pour lui même un inconnu comme de juste et qui accepte
cette réalité, va naturellement avoir le besoin, le désir de se
chercher et se chercher à travers l'autre. Car c'est à travers
l'observation
des autres, observation innocente, qu'il va pouvoir progressivement
prendre conscience de lui même.
«
I see your face before me »
Et
ainsi résoudre cette inconnue, prendre conscience de lui même et de
l'inconscient collectif. Car aussi petit que soit le monde empirique
d'un être par rapport à la totalité, il n'est pas moins vrai que
son microcosme se trouve être représentatif de la conscience
commune qui le contient. La source de notre conscience commune inonde
l'ensemble. Les contenus sont dépendants du cadre contenant.
Dans
la salle de classe, au milieu des enfants de son âge, l'enfant
au jugement suspendu, observe les autres, il entend, il voit... il
enregistre des contenus depuis un regard désintéressé.
Une
fois sous la sphère familiale, dans une pièce qu'on appellera sa
chambre il revient sur ce qu'il a pu percevoir et qui a été plus
particulièrement source d'impressions.
La
solitude spatiale joue un rôle fondamental car en solitude
l'enfant est libéré du regard de l'autre, il en est loisible. Quand
on est curieux de l'autre difficile d'en faire abstraction,
abstraction que facilite grandement la solitude spatiale.
La
solitude spatiale devient solitude active.
Ce
contenu va remonter naturellement à l'esprit de l’enfant, ce
contenu devient alors une matière, une matière à
imagination, à projection imaginative (c'est à dire anticiper un
présent à venir et le faire de manière raisonnée) à fantasme,
à réflexion.
L'enfant
se réalise en transformant cette matière première issue de sa
propre perception, de sa propre immersion dans le réel depuis un
regard désintéressé.
Sa
chambre devient alors tour à tour un labo, un atelier, un jardin
intime. Un labo : Car il examine les caractéristiques de cette
matière. Un atelier : Car cette matière est source d'inspiration,
de transformation, de sublimation du réel. Un
jardin intime : Car l’être y cultive son idiosyncrasie.
Par
là également il remet de l'ordre dans ces présents passés, il
relie les contenus entre eux.
Le
processus du retour sur cette expérience empirique,
fait que cette expérience devient une connaissance toute
particulière et sans équivalent pour l'enfant. Connaissance
particulière car elle est celle issue de sa propre expérience, de
ce qu'il a entendu ou vu directement sans intermédiaire.
Particulière également car elle provient d'un désir innocent.
L'enfant
moral n'a pas le désir de se divertir de lui même, de se pencher
exagérément sur des contenus qui ne dépendent pas de lui. C'est en
soi déjà une résistance car il n'a pas le désir de se laisser
fourvoyer.
Sa
plus grande source de contentement, de plaisir lui vient de ce
présent, de cette transformation du sensible en
intelligible. C'est là son régime sensuelle et spirituelle et
pour le dire trivialement : « C'est de la bonne »
c'est ainsi qu'il va nourrir ses aspirations.
L'observation
donne une matière première noble et substantielle si et seulement
si cette observation c'est faite depuis un désir désintéressé, un
regard antique
et non depuis un regard utilitaire.
le
fait que la suspension de jugement n'est plus change la nature même
du désir de l'enfant. « Je vois comme je désire »
Sa
réflexion va se mettre au service de cet intéressement. Il ne
réfléchit plus ce présent perçu comme l'enfant moral pour se
réaliser, pour se découvrir en tant que corps et esprit mais à des
fins extérieures. Ce n'est plus l'amour de soi qu'il va
cultiver mais l'amour propre entre autres.
A
qui appartient l'enfant ? 2. A la société
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