L'enfant comme un
prétexte pour échapper à sa misère. Faire reposer son existence
sur l'enfant. Deux êtres non finis qui en font un troisième.
« J'ai
fait un enfant pour redonner du souffle à mon couple, redonner du
sens à ma vie, pour sortir d'un deuil, penser à autre chose...»
Faire un enfant pour redonner sens à sa vie sonne bien a priori mais
a priori seulement.
Dès lors
que l'enfant n'est pas pris et considéré comme une fin en soi cela n'a de cesse d'être problématique. Si l'enfant devient le moyen au travers duquel le
parent peut se survivre, au travers duquel il retrouve sens cela fait
question. Car c'est un poids que l'enfant ne devrait pas porter.
De plus dans cette configuration aucun parent ne peut supporter que son
enfant marche seul, aucun parent ne peut vouloir restituer l'enfant à
lui même.
Si le
parent dit : « je suis papa » et en fait prévalence
alors on est normalement inquiet de savoir comment cela se passera
quand l'autre partie dira : « je ne suis plus enfant ».
Si du moins l'enfant parvient à l'articuler.
A aucun
moment, l'enfant doit devenir la raison de vivre du parent.
C'est
angoissant pour l'enfant de prendre conscience de cela, fardeau. L'être en devenir doit marcher seul ou être préparé à
s'envoler en dehors du nid. Sans ça le parent tue dans l’œuf la
perfectibilité de l'enfant. Il le condamne moralement à ne jamais
grandir.
Du fait, la
meilleure récompense que l'enfant peut donner au parent est de
devenir ce qu'il doit être, libre, conscient, responsable, lui même
en quelque sorte. Quand c'est le cas il ne reste rien dans la
conduite morale de l'enfant comme de juste, dans ses goûts
idiosyncrasiques qui dépend directement de l'éducation qu'il a
reçu. Il a échappé au déterminisme parental.
Le parent
n'a pas laissé de marque à l'enfant. Il a rendu l'enfant à lui
même.
L'enfant
devenu adulte est un adulte qui discrimine le parent, qui le met en
dehors de sa sphère fondamentale, de son exécutif. Il s'est
émancipé.
Le parent
dont l'équilibre existentiel dépend de l'enfant étouffe ce
dernier, il est trop présent, il constitue un carcan pour l'enfant, il ne laisse
pas l'enfant seul, se découvrir, dans une solitude, dans une
imagination au travers de laquelle il prépare sa mise au réel, au
travers de laquelle il se réalise.
L'enfant a besoin d'avoir son
jardin intime, son espace à lui sans le voir envahir par le parent. Douloureux pour ce parent de considérer et d'admettre que ce que l'enfant
peut faire de mieux c'est lui seul qui le peut et personne d'autre à sa place.
Difficile également
pour le parent qui manque de maîtrise vis à vis
de sa propre finalité, d'indépendance et de sérénité d'accepter la solitude de l'enfant car il sent
bien en tant que parent que ce qui se fait là, lorsque l'enfant
appréhende le monde de lui même, le rejoue, n'est rien d'autre que
le début de l'autonomie de l'enfant, progressivement l'enfant va
appartenir à lui même et se défaire donc du cadre parental. Le parent se sent mis à l'écart dans la solitude active de l'enfant.
C'est le
problème du parent qui ne sait pas quoi faire de lui même, qui
n'est pas un être fini, adulte au sens moral du terme, qu'il s'est
démis de sa finalité : il a besoin que son enfant vienne le
divertir de sa misère, vienne lui donner du sens.
Pour faire
face à l'angoisse existentielle ou déjouer la vaine gloire ou les vanités post-mortem ce
n'est pas un enfant qu'il s'agirait de concevoir mais veiller à faire de
sa durée un emploi substantiel. Employer son temps et non plus se divertir ou se perdre dans des désirs guidés par l'amour propre, afin que la
décroissance, encore de nos jours, inévitable soit compensée par
la perfectibilité rendue effective. Croître moralement pour trouver
un équilibre à sa décroissance et à l'idée de sa finitude.
Enfin, la
responsabilité d'un être n'est pas de fonder une famille, de devenir parent mais d'être
libre et responsable en tant qu'être . Dès lors qu'un être est libre et
responsable, adulte moralement, il sera intègre dans les
différents rôles qu'il aura a jouer, dans les différentes
casquettes qu'il aura à porter : parent, employé, conseiller,
ami…
Ce n'est pas veiller à être un être bon dans les différents
rôles mais d'être un être moralement adulte qui incombe et qui indirectement
régira ma conduite au sein de la sphère pratique. Si un être est adulte moralement alors son dire, son faire sera l'expression de sa liberté et de sa responsabilité, on aura pas alors à se soucier de comment il se comporte en tant parent, patron, mari... C'est bien
l'identité morale qui harmonise l'être et cesse de l'éclater en
plusieurs identités disparates et qui assure une conduite responsable. En sus et pour finir cela évitera en tant que
parent d'avoir à tenir à l'enfant un discours empli de paradoxe.
bonjour, moi je me sens concernée par l'article car mon père était comme ça avec moi. il était dépendant de son petit bout de chou, et c'était difficile car un peu comme il est dit dans ce blog j'avais besoin de me chercher, de me trouver et mon père il me laissait pas faire et aussi j'avais de la peine à le voir triste quand je m'évadais. Alors j'étais partagée.
RépondreSupprimerAlexandra
Bonjour Alexandra, heureuse que tu fasses partie désormais de l'espace S.
SupprimerOui je comprends, difficile de causer de la tristesse chez un parent. Ton père devait faire reposer une bonne part de son existence sur son petit bout de chou, petit bout de chou qui devait être tout à fait mignon soit dit en passant si je peux me permettre. Et en même il te fallait bien cultiver ton jardin intime, concevoir d'autres possibles.
Moi ce que j'ai compris avec cet article c'est pour quoi en tant que maman et en tant que jeune femme je me trouve à désirer des choses opposées . Surtout ce qui pourrait me permettre de trouver une harmonie dans mon désir. Josy
RépondreSupprimerJe suis le mec banane :)
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