J’élève,
en tant que parent, l'enfant pour aucune autre vue que le devoir de
le rendre à lui même. L'enfant est une fin en soi et non un moyen.
Un
enfant n'est pas en mesure d'affirmer ou de juger en conscience mais
il peut facilement se trouver tenté d'affirmer, de juger, il a ce
pouvoir à sa disposition.
Aussi
il convient de l'aider, en tant que parent, à demeurer dans une
suspension de jugement, de l'aider à ne pas se fourvoyer. Sans ça
l'enfant préjuge de qui il est et de façon constitutive de qui est
l'autre. Par là il tombe dans la fosse de la certitude passive.
L’accession aux fondamentaux comme la Liberté, la Responsabilité,
la Conscience de soi est condamnée. L'enfant gît alors en dehors de lui
même dans l'inconscient collectif. L'enfance n'est plus préservée,
elle est pervertie.
Si
le parent ne peut pas rendre l'enfant libre et responsable à sa
place, faire ingérence, il peut en revanche l'aider à le devenir en
conservant intacte la perfectibilité de cet enfant, son innocence
morale.
Et le parent peut aussi entraver ce possible. La sphère familiale est parfois
une égide, parfois une simple annexe à la société, parfois un carcan
Faut-il
adapter l'enfant au monde actuel tant ce dernier est corrompu et
immoral ? Faire
que l'enfant soit adopté par
le monde courant ?
Adapter
l'enfant au monde actuel, faire qu'il appartienne à l'époque,
éviter qu'il en soit un marginal. Un SIF. Un Sans Identité Fixe.
Cela
dit si le monde actuel est corrompu, si le cadre de notre conscience
commune fait la part belle à l'injustice, à l'inconscience, à la
déresponsabilisation, à
la servitude ne vaut-il
pas mieux protéger l'enfant de cette atmosphère insalubre ? Au
moyen d'une éducation
qui sublime, transcendante la conscience collective, le cadre
commun ? Une éducation meilleure que la société actuelle. Si
la société n'est pas gouvernée
par la raison, faut-il contre
elle faire en sorte que
l'enfant conserve sa puissance rationnelle qui sommeille en son
sein , faire en
sorte qu'un jour l'enfant vienne à se « verticaliser »?
KANT
« Ce
principe est d'une grande importance. Ordinairement, les parents
élèvent leurs enfants seulement en vue de les adapter au monde
actuel, si corrompu soit-il. Ils devraient plutôt leur donner une
éducation meilleure, afin qu'un meilleur état pût en sortir dans
l'avenir. »
Le parent
peut-il à la fois garantir la conscience de l’enfant, préserver et
garantir son intégrité morale tout en faisant qu'il soit un être
«équilibré socialement » ? Appartenant à l'
époque et trouvant son équilibre au sein même de la société.
A choisir, est
ce que finalement le parent n'agit pas au fond depuis une bonne
intuition lorsqu'il adapte l'enfant au monde actuel quitte à en
faire à jamais un mineur moral plutôt que de l'aider à conserver
sa perfectibilité
? Car l'enfant mit sur
la voie de la raison risque peut-être bien de devenir en même temps un être
anachronique et par là peiner à trouver un juste équilibre dans
une société qui n'est pas gouvernée
par la raison.
« il
faut vivre avec son temps, appartenir à son époque » une
affirmation sans doute raisonnable mais il n'en demeure pas
moins vrai que la contrepartie peut s'apparenter à une amputation,
une perte de sens, un pacte avec le « diable » Se
corrompre pour se trouver en phase avec l'époque.
« La
critique est facile, l'art plus difficile. » Jouer son rôle de
parent n'est pas chose aisée. Il ne faut pas condamner le parent
facilement.
Dans
ce dossier conforme à la philosophie ES, on décrit ce qui nous
apparaît comme les conditions sine qua non pour que l'enfant
conserve l’accession aux valeurs fondamentales: Justice, Liberté,
Responsabilité, Désir libre, Conscience de soi. Afin qu'il soit un
être à part entière, favorable à lui même et favorable à
l'ensemble.
On
met en évidence donc ce qui va à l'encontre de telles valeurs mais
il n'est pas simple d'éduquer correctement un enfant surtout avec
une société qui est une entité encore mineure. Vouloir faire d'un
enfant un enfant digne au sein d'une société qui ne l'est pas
forcément, relève du challenge, de la virtuosité, voire peut être
parfois d'un manque de pragmatisme.
Dans
l'absolu, conserver sa suspension de jugement, avancer dans l'enfance
morale pour atteindre l'adolescence morale est chose aisée. les
conditions requises sont à la disposition et la portée du plus
grand nombre :
-Ne
pas préjuger, attendre d’être en age de juger pour le faire,
goûter au présent, observer et réfléchir ses observations.
Tout
le monde a priori peut le faire : Tout le monde a un présent,
tout le monde a un minimum de temps libre, tout le monde a une
intelligence humaine et un peu d'imagination.
Mais
la contingence de l'époque rend cette simplicité difficile d'accès.
La conquête des fondamentaux n'est jamais tant entravée
physiquement que psychologiquement. Comme on le verra, tout au long
du dossier, pour conserver un jugement en suspension il faut résister
à toutes sortes d'hétéronomies, de pressions extérieures, pour le
parent et pour l'enfant.
On
ne dépasse par la société, la conscience commune, l'inconscient
collectif en un claquement de doigts, en un coup de revolver. On ne fait pas encore chez ES la
promotion des prestidigitateurs, le lobby des armes.
(ES
ne répondra pas à toutes ces questions. Aussi singularité lectrice
et autres lecteurs moins singuliers, ES vous invite à vous exprimer
sur ces questions, de vous étendre en commentaire.)
Premier
article du dossier :
a
qui appartient l'enfant ?
1
Quand
l'enfant demeure libre de tout préjugé, il est naturellement
curieux de l'inconnu qui s'offre à lui.
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Il est souhaitable de chercher à comprendre votre interlocuteur plutôt que de le juger.