L'enfant
est considéré par l'amour parental désintéressé
comme une fin en soi.
Le
parent aime sensiblement son enfant et ne l'aime pour aucun but
extérieur. L' enfant n'est pas le moyen, l’intermédiaire de
quoi que ce soit.
L'amour
désintéressé est l'amour qui n'a pas subi d'altération. L'enfant
n'a pas été conçu pour que le parent puisse y trouver la cessation
d'un déplaisir, pour donner un sens à sa vie qui
jusqu'ici pouvait en manquer, par conduite mimétique, par
pression des proches, pour se conformer, pour accéder à un
poste...
L'enfant
est vu comme un être à part entière, un être en devenir, un
adulte en puissance. Rendre l'enfant à lui même Ne pas
« empreinter » l'enfant. L'enfant n'est pas ce sur quoi
l'existence de l'être-parent repose.
En
outre, si la société toujours prise dans la furtivité et
l'apparence n'a pas par défaut le temps de s'attarder sur la
spécificité d'un être en devenir, de le considérer comme
l'être unique qu'il est et de l'aider à se considérer ainsi ;
sous la sphère familiale, au travers de l'amour parental, c'est
en revanche le lieu et le moment.
L'égide
que cet amour parental désintéressé constitue pour l'enfant.
Le
sentiment, la conscience que l'enfant a de lui même lui donne un
sentiment sensible pour autrui, une sorte d'empathie instinctive. Il
ne souhaite pas faire à l'autre ce qu'il n'aimerait pas que l'autre
lui fasse.
On voit ici sans doute que le fait que l'amour soit désintéressé
empêche l'enfant d'avoir l'audace de déconsidérer l'autre, de s'en
servir comme un objet
car
il n'aurait pas dans cette conduite l'aval
des parents,
il est en échec à se figurer ce consentement. Privé de ce
consentement l'enfant ne peut que beaucoup plus difficilement se
laisser conduire
par le désir
prémoral,
par
le désir de l'inconscient collectif.
Le fusible parental fonctionne ainsi. En
respectant l'autre,
en n'allant pas au-delà du sentiment de respect, c'est lui
même que l'enfant respecte
avant tout. L'amour
de l'autre n'est au fond rien d'autre que l'expression du respect, du
souci, de l'amour que l'être a pour lui même.
C'est
bien une sphère familiale égide qui protège l'enfant des
agressions,
des tentations extérieures. Car en aimant l'enfant de manière
désintéressée, l'enfant ne peut que plus difficilement valider une
conduite
qui irait à l'encontre de l'autre donc de soi.
Si la société de l'enfance est souvent à l'image de la société
dans son ensemble, la sphère familiale au travers de l'amour
désintéressé protège véritablement l'enfant. Certes les copains
de classe peuvent pousser l'enfant dans une impasse, c'est à dire
au-delà de ce que l'enfant pourrait justifier à lui même mais si
l'enfant cherche l'aval chez le parent il ne peut le trouver, il y a
donc une suspension, une retenue. On voit que par l'amour
désintéressé l'enfant est d'avantage enclin à résister aux
« agressions » de l'extérieur,
à ne pas se laisser dévoyer. Son jugement est maintenu en
suspension.
En
revanche, dès lors que le parent transmet à l'enfant du
préjugés, valide la conduite prémoral de l'enfant par sa
propre conduite prémoral, par son discours, par l'éducation à
caractère « moral » qu'il transmet alors il donne à
l'enfant le feu vert, peut être sans s'en rendre compte pour faire
de l'autre un moyen.
Mais
ce n'est jamais pour lui même qu'un enfant manipule un autre
enfant, c'est pris dans le jeu de l'inconscient collectif.
L'enfant est mis au ban de lui même comme le parent est dans la
négation de soi. Ce n'est ni le parent, ni l'enfant ni la famille
ainsi considéré qui sortent gagnant mais l’inconscient collectif
qui rafle la mise ce qui ne va pas sans une certaine absurdité. Le
fait de me désintéresser de l'autre, de ce qui passe sous mes yeux
dans mon immersion sociale n'est jamais l'expression de ma
liberté, de
ma puissance d'être mais en revanche celle de ma soumission au désir
de l'inconscient collectif. Je deviens en quelque
sorte un objet, la chose de l'air du temps.
Le
respect de l'autre n'est pas une faiblesse mais l'expression
sous-jacente de sa propre puissance d'être. C'est l'étant
qui exprime sa puissance en refusant de s'engager au-delà de ce que
la conscience de soi peut lui autoriser.
Dans
la société c'est entendu on s'autorise en matière de jugement
sur autrui, dans son propre dire et dans son propre faire à
aller au-delà de ce qu'une conscience morale, de ce qu'en son
for intérieur on pourrait s'autoriser en réalité à dire ou à
faire. L'expression de la liberté va parfois, voire souvent
au-delà de ce qu'elle serait dans le jugement d'autrui si elle
passait par une liberté de pensée effective. Autrement dit
l'expression en société est souvent l'expression de notre
asservissement bien plutôt que de notre liberté (ES approfondira
cette thématique dans un dossier complet sur la valeur
fondamentale : Justice).
En
ce cas le rôle du parent n'est-il pas de servir d'égide, de
protection contre ces tentations ses vents chauds et humides qui
contaminent l'enfant ?. Moralement n'est-il pas du ressort du
parent de protéger l'enfant, sa santé morale, contre
la pollution du préjugé ou celle de l'opinion, du tombeau
que représente la fausse certitude ? La fosse
certitude pourrait-on dire alors.
En
manquant de respect à l'autre c'est toujours l'être lui même qui
se dévisage, qui se chosifie par cette conduite.
Le
parent qui aime l'enfant de manière adéquate va empêcher
autant que faire se peut à l'enfant de se fourvoyer et la meilleure
façon d'y parvenir est d'être soi même dans le respect de
l'autre. Il y a une forme de conduite mimétique entre
l'enfant et le parent. Si le parent au fond de lui respecte
l'autre, respecte l'ensemble en ayant le souci de trouver un intérêt
commun, a conçu l'enfant en ayant un souci pour
l'intérêt commun alors cette atmosphère saine au sein de la
sphère familiale va inspirer l'enfant. L'enfant sera ou aura plus de
chances d'être d'aspiration sensualiste et morale ou
il aura plus de chances de pouvoir facilement et sainement trouver
l'usage de sa conscience morale palpitant en son sein.
L'autorité
est une contrainte chez l'enfant, il y a un chantage, il respecte
l'autre par peur de la sanction autrement dit il ne respecte pas
l'autre.
Cette
autorité, cette soumission car elle vient de l'extérieur, ce cadre
carcéral quelque part ne peut être que provisoire. La problématique
ici c'est qu'on pourrait se laisser croire que l'enfant aura d'abord
une autorité extérieure, celle des parents, et que par la suite il
se trouvera sa propre autorité, qu'il trouvera une auto-discipline
libre et consciente, on se trompe lourdement.
Se
permettre d'entraver l'autre, de lui faire du mal est injustifiable
et c'est contre cette impasse, contre cette césure entre le dire et
le faire de l'enfant et sa conscience que l'amour désintéressé se
pose.
On
verra toujours que la
morale,
le comprendre, la
responsabilité
ne
sont jamais
tant la bienveillance,
la tolérance
envers l'autre que le
respect, la conscience et l'amour de soi.
Car qui se
respecte
ne peut influencer l'autre en dehors de ce qu'il peut en
conscience se justifier.
Et qui manipule
un autre,
non pour la finalité de l'autre mais pour son intérêt
particulier
s'interdit assurément en conscience de pouvoir se le justifier, il n
y a pas de sens au sens noble. L'inconscient
collectif autorise sans doute ces « moves » mais
l'inconscient collectif on en est là. Si l'enfant ou tout autre être
s'engage au travers de son faire ou/et de son dire sans pouvoir se le
justifier à lui même, c'est à dire en conscience, alors son
engagement est incompatible avec la liberté rationnelle, il vaut
donc aliénation d'un point de vue individuel
Il
faut donc pour se conduire en l'espèce avoir rompu la relation
avec sa conscience, c'est à dire avec soi. Or qui
se respecte ne s'autorise pas, ne veux pas cette
césure, cette dévitalisation, cette amputation. Je ne troque
pas si l'on veut la conscience de soi pour une conscience collective
valant inconscience individuelle.
Et
encore une fois c'est bien l'amour désintéressé, sans
équivalent du parent qui constitue une enveloppe protectrice,
qui donc protège l'enfant contre lui même et cette société
à la petite vertu. L'enfant voit l'autre comme une fin en soi non
comme un moyen.
L'amour
du parent qui donne l'amour de l'autre
L'amour
désintéressé du parent aide l'enfant à s'aimer lui même non pas
dans le prisme
de l'amour propre
mais dans l'amour de soi. L'amour
désintéressé du parent donne à l'enfant l'amour de lui même,
la
curiosité de lui même, le respect de lui même et tout ceci
réciproquement pour l'autre.
L'amour
que l'enfant reçoit aide l'enfant à s'aimer lui même et détermine
le type de rapport qu'il a avec lui même et les autres.
L'amour
parental désintéressé vecteur d'amour désintéressé.
Quand
le parent aime l'enfant d'une manière désintéressée, il ne biaise
pas le jugement de l'enfant, il n y a pas de manichéisme chez le
parent. Défait de ce manuel, de comment je dois voir ou entendre
l'inconnu l'enfant est dans la suspension de jugement à
juste titre l'inconnu conserve sa part de mystère. Juste titre car
l'enfant ne sait positivement rien encore. C'est pour cela que l'on
peut dire que l'amour désintéressé est vecteur de curiosité
chez l'enfant car elle préserve l'inconnu. Donc elle va aider
l'enfant a acquérir une connaissance dans la réalisation de soi.
Considérer
l'enfant comme une fin en soi vectorise l'amour de soi, le respect de
l'enfant pour lui même. L'enfant se considérant non pas
comme une marchandise, comme un objet, une marque, une image, porteur
d'une étiquette quelconque et par réciprocité ne fait pas de
l'autre un moyen, un objet.
L'enfant
qui a été conçu pour une cause extérieure,
pour répondre à un désir qui ne le regarde fondamentalement pas,
qui le déconsidère aura
plus de mal à aimer de manière désintéressé comme il n'a pas été
mis au monde pour cela.
De plus un enfant qui a été conçu pour une cause extérieure sera
éduqué ou grandira depuis ce prisme.
L'amour
particulier du parent ouvre les perspectives de l'enfant, l'ouvre sur
l'extériorité, en dehors de la sphère familiale.
L'amour
filial un amour « déterminé ».
L’enfant
peut prendre conscience de cet amour, de cet attachement mais guère
choisir si il doit ou non être attaché sensiblement à son parent.
Or dès lors que l'enfant aime l'autre, cet autre étranger et
distinct à la sphère familiale, il sort de cet amour déterminé.
Cet amour n'était pas déterminé par avance à saisir l'un plutôt
qu'un autre, il goûte à l'expression d'une certaine liberté, une
émancipation. Prolongement naturel de l'amour parental-filial.
L'enfant qui est aimé d'un amour désintéressé aura des chances de
désirer aimer à son tour par cette voie désintéressée. Il a donc
une saine
attirance pour l'autre, l'autre extérieure à la sphère familiale.
Il reproduit en quelque sorte l'amour désintéressé sur
l'extériorité. Expression d'une liberté sensible, sans
déterminisme parental
puisque l'amour désintéressé se prive de séparer celui qui est
digne de respect de celui qui n'en est pas. Ici l'enfant est libre du
moins depuis l'identité parentale à aimer qui il veut. Il
n'est pas orienté par une axiologie prédéfinie
mais
par une saine curiosité.
Il
est sain que l'enfant s'éprouve en dehors de la sphère familiale,
d'une manière indépendante.
L'amour
de l'autre donnant l'amour de l'ensemble. C'est alors la communauté
dans son ensemble qui tire sainement profit de l'amour désintéressé
parental
« Si
je te donne cet amour ce n'est pas pour les autres » en fait
si.
Qui
donne de l'amour désintéressé à son enfant, le fait en même
temps pour la communauté.
Il
est édifiant de percevoir que plus le parent, un être, donne de
l'amour singulièrement à un autre l'enfant ; plus cet amour
est restreint sur le plan de la quantité plus un grand nombre d’être
en profitera.
«Je »
singulier et « Je » moral ne peuvent se passer du
« nous »
Personne
ne peut trouver son équilibre sans quelque chose de plus grand que
lui, comme une atmosphère dans laquelle il inspire et expire. Tout
être doit trouver quelque chose qui le dépasse, le transcende.
Finalement
l'être moral passe au travers de deux stades fondamentales du
souci du microcosme au souci de l'ensemble sans qu'il
n'y ait paradoxe. Le sensible avait besoin de l'autre en tant
qu'autre, de la plus petite des unités humaine. La morale va trouver
l'ensemble depuis le « je » moral.
L'amour
filial, l'amour de l'autre ouvre à la morale. Le
sentiment sensible pour autrui, ne pas affecter négativement autrui
ouvre sur l'intérêt commun car c'est l’intérêt commun,
cette conscience qui gouverne ce même autre. L'être
moral comprend que cet autre dépend majoritairement de l'inconscient
collectif, du cadre commun et donc c'est cet ensemble qui devient le
souci premier de l'être.
Si
j'ai le souci de l'autre je fini par avoir le souci de l'Ensemble,
de relier l'un et l'autre de façon idoine. Ce qui oppose x et y sous
la conscience collective actuelle, est résolu sur l'intérêt
commun. Cette réalité vient résoudre la problématique morale, la
recherche de sens de l'être « moral ».
Le
sentiment sensible pour autrui oriente l'enfant sur le chemin du
respect de la loi moral.
Se
défaire du cadre parental, se tourner vers l'extérieur n'est en
rien chez l'enfant la marque d'un manque d'amour, de reconnaissance à
l'égard de ses parents.
C'est
cet amour désintéressé parental qui permet à l'enfant de trouver
des considérations, des soucis en dehors de la sphère familiale.
L'enfant apporte sa pierre à l'édifice. Il est un être
appartenant à l'Être. Quand un maître fait bien son
travail l'élève devient autonome et indépendant. Les idées,
ses convictions, ses goûts ne sont plus liés au maître et c'est en
cela que le maître a réussi. Quand l'enfant ou le
jeune adulte jugera car il jugera il devra le faire en conscience, en
son for intérieur et de ce fait son historicité personnelle ne
jouera pas un rôle premier dans cette prise de position. Il n y
aura pas le prisme de l'enfance ou la matérialisation de l'autorité
parentale, d'un chantage affectif. C'est en cela que l'on dit que
dans la sphère fondamentale de l'être, dans son exécutif, son
enfance n'entre plus en ligne de compte. Et dans ses penchants,
ceux-ci son idiosyncrasiques donc défaits du déterminisme social
ou parental. Il ne donne pas prévalence au prisme de son
historicité. L'enfant est sensibilisé librement et en
conscience à l'autre, autre étranger à la sphère familiale.
L'amour
parental et les valeurs sentimentales
Dans
le respect que l'enfant a de lui même, dans le respect qu'il a
avec les autres, dans sa sensibilité transparaît en
filigrane l'amour reçu et en cela des souvenirs palpables
et concrets. La valeur sentimentale qu'il attribue à tel
moment, à tel souvenir sous la sphère familiale ne lui donne
pas pour autant l'aval de juger ainsi, d'accorder à cette valeur
une valeur absolue qui viendrait trouver inimitié vis à vis
d'autrui. Le sentiment de l'historicité personnelle est entravé
par la conscience morale, par le sentiment du respect de l'autre.
Les empreintes de l'enfance sont combattues au profit d'une
objectivité. L'objectivité extérieure n'est pas froide elle est
l'expression de la conviction, de l'éprouvé rationnel que mon
intérêt, l'intérêt de l'autre, de l'intérêt de mon enfant passe
avant tout par l'intérêt commun, par le bien, de l'ensemble.
L'enfant
devenu moral comprend que l'on peut être attaché aux souvenirs de
son enfance, il l'est probablement lui même et comprend alors que
chaque être peut avoir cet attachement sensible.
Cela dit il n y a pas de vivre
ensemble
possible
si chacun essaye d'imposer son attachement sensible si chacun désire
que le cadre commun convienne à son image, à sa sensibilité
provenant du prisme de son éducation, de son histoire personnel. Cet
attachement est alors dépassé dans l'engagement de l'être au
travers son dire et son faire. Dépassé au profit d'un intérêt
propre compatible avec l'intérêt commun. L'amour
que l'enfant a pour ses parents, pour lui même et pour l'autre à
donné naissance à un amour potentiellement universel.
La
préservation de l'enfance revient à protéger l'enfant contre les
fausses certitudes,
contre
lui même quand il se fait hâbleur,
faire qu'il conserve une curiosité pour lui même, pour l'autre,
pour ce qui l'entoure. Car
évidemment lorsqu'il reprend à son compte les affirmations des
autres l'inconnu cesse d'être pour lui l'inconnu
et de ce fait ignorant qu'il est ignorant, il ne peut décemment
avoir le désir d'apprendre, de découvrir. Découvrir
ce qu'il a sous les yeux, l'autre
avec lequel son regarde se mélange. Il ne s'agit pas de donner une
morale à l'enfant,
un manuel éthique pour contrôler la mauvaise morale de la société.
Pour contrer la "mé-influence" d'autrui. Mais de l'aider
autant que faire se peut à conserver sa suspension de jugement.
Ce
que le parent affirme l'enfant n'est pas en mesure d'affirmer lui
même, il laisse obligatoirement au crédit des autres leurs
affirmations
Pour
que l'enfant grandisse moralement il faut que ce soit lui qui affirme
en autonomie ou qui puisse le faire quand il sera devenu en âge de
le faire. L'enfant a une juste incertitude envers ce que les autres
affirment, non pas qu'il serait en mesure de dire que ce que l'autre
affirme est faux mais que lui-même ne peut affirmer ce que
l'autre affirme, il ne peut en devenir le titulaire. Ce qui
fait que ce que l'autre affirme n'appartient pas à l'enfant, n'est
pas l'enfant. Il est donc sain de voir l'enfant avoir une
incertitude ou plus exactement de ne pas reprendre pour lui ce que
le parent affirme. Si le parent voit en cela une forme
d'insoumission une désobéissance il se trompe car cette incertitude
est avant tout une saine obéissance à ce qui est. L’enfant
distingue ce qu'il dit ou fait en conscience de ce qu'il fait par
suivisme, par soumission à une autorité extérieure. Il est
évident qu'il est sain que l'enfant aspire progressivement à
parler, à faire en conscience plutôt que de continuer à dépendre
si bien dans son dire, si bien dans son faire d'autres que lui.
La
morale extérieure n'est jamais en soi moral
Dans
le cas où les valeurs parentales seraient en elles même morales ce
qui fait qu'elles deviennent concrètement morales c'est qu'elles
siègent en l’être d'une manière immanente. Dire : « le
parent m'a donné des valeurs morales, de bonnes valeurs » est
donc impropre. Faire de l'éducation une transmission de valeurs
droites, à caractère morale ou éthique ne fait pas sens.
La
morale n'est donc pas directement transmissible. Si on ne peut
pas transmettre des valeurs morales on peut en revanche autant que
faire se peut donner un amour, une vigilance désintéressée qui
aidera l'enfant à marcher sur la voie de la majorité morale, à
conquérir les valeurs morales, à y consentir librement en
éprouvant de lui même leurs véracités.
On
ne peut donc donner une éducation morale car la morale ne sera pas
assimilée sainement par l'enfant. Puisque la morale est un
cheminement intérieur, personnel, libre, indépendant, autonome.
Penser par soi même, de soi même, pour soi même, de soi même.
Ce qui permet une bonne assimilation de la matière sensible en
matière intelligible, éthique en morale est l'amour désintéressé.
La croissance morale est issue de ce que l'enfant perçoit, de la
transformation de cette matière première, y mettre du sien.
Si
l'enfant pour être droit doit penser par lui même il est évident
que ce qu'il pense ne peut directement dépendre de ce qu'il a reçu
de ses parents. Encore une fois pour que la croissance morale
de l'être ait lieu ce n'est pas des valeurs qu'il faut transmettre
mais de l'amour désintéressé. Car l'amour désintéressé à
la particularité de ne pas « empreinter » l'être mais
de l'aider à conquérir sa liberté, à en faire conquête, à la
rendre nécessaire.
« Il
m'a été donné une bonne éducation, des bonnes valeurs par mes
parents » est impropre car ce n'est pas au parent de donner des
valeurs à l'enfant mais à l'enfant indépendant de trouver ces
valeurs, de les épouser en conscience. Si mes valeurs sont issues de
l'extériorité alors elles ne peuvent être morales.
Si
l'enfant y est sensible, à ces valeurs issues de l'éducation
parentale, c'est parce qu'il tient à ses parents, il en est
attaché sentimentalement.
Ce
ne sont pas les valeurs prises intrinsèquement qui font que l'enfant
y tient mais le lien sensible qu'il le lie à ses parents. Il y a
donc du sensible dans son jugement, son jugement est altéré, il ne
peut être un jugement moral. La parent ici, inconsciemment, profite
du lien particulier qu'il a avec l'enfant, de l'amour filial pour lui
glisser une éducation faussement morale. D'ailleurs quand on regarde
la morale de travers, peut être en faisant "pfff"
seul est concerné la morale imposée de l'extérieur, la fausse
morale donc.
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