PARTIE IV : PRISE DE CONSCIENCE DE L'INCONSCIENCE COLLECTIVE

Prendre conscience de l'inconscience collective au travers un désir libre de tous préjugés, au travers de la curiosité saine que j'ai pour l'autre. L'autre n'est pas disponible en tant qu'autre singulier. Il a des considérations d'une autre nature qui sont liées à son appartenance à l'inconscience collective. Avancer dans la connaissance de moi même ne se délègue pas : Imaginer, se projeter, fantasmer, réfléchir depuis les contenus issus de mon expérience empirique par le biais d'un regard libre de tous préjugés. (Connaissance de soi) I EN TANT QU'ÊTRE SINGULIER JE N'AI PAS PRÉJUGÉ DE QUI JE SUIS, JE SUIS DANS LA JUSTE IGNORANCE DE MOI MÊME. II LA CONNAISSANCE DE CELUI QUE JE SUIS SINGULIÈREMENT, CONNAISSANCE SINGULIÈRE DE SOI , S'OBTIENT AU TRAVERS DE L'EXPÉRIENCE EMPIRIQUE DEPUIS UN REGARD DÉFAIT DE TOUS PRÉJUGÉS. C'est bien parce que je n'ai pas préjugé de celui que je suis que j'ai le désir f

A QUI APPARTIENT L'ENFANT ? 7. A L'AMOUR PARENTAL DÉSINTÉRESSÉ, UN AMOUR SANS ÉQUIVALENT.


L'enfant est considéré par l'amour parental désintéressé comme une fin en soi.
Le parent aime sensiblement son enfant et ne l'aime pour aucun but extérieur. L' enfant n'est pas le moyen, l’intermédiaire de quoi que ce soit.
L'amour désintéressé est l'amour qui n'a pas subi d'altération. L'enfant n'a pas été conçu pour que le parent puisse y trouver la cessation d'un déplaisir, pour donner un sens à sa vie qui jusqu'ici pouvait en manquer, par conduite mimétique, par pression des proches, pour se conformer, pour accéder à un poste...
L'enfant est vu comme un être à part entière, un être en devenir, un adulte en puissance. Rendre l'enfant à lui même Ne pas « empreinter » l'enfant. L'enfant n'est pas ce sur quoi l'existence de l'être-parent repose.
En outre, si la société toujours prise dans la furtivité et l'apparence n'a pas par défaut le temps de s'attarder sur la spécificité d'un être en devenir, de le considérer comme l'être unique qu'il est et de l'aider à se considérer ainsi ; sous la sphère familiale, au travers de l'amour parental, c'est en revanche  le lieu et le moment.


L'égide que cet amour parental désintéressé constitue pour l'enfant.
Le sentiment, la conscience que l'enfant a de lui même lui donne un sentiment sensible pour autrui, une sorte d'empathie instinctive. Il ne souhaite pas faire à l'autre ce qu'il n'aimerait pas que l'autre lui fasse. On voit ici sans doute que le fait que l'amour soit désintéressé empêche l'enfant d'avoir l'audace de déconsidérer l'autre, de s'en servir comme un objet car il n'aurait pas dans cette conduite l'aval des parents, il est en échec à se figurer ce consentement. Privé de ce consentement l'enfant ne peut que beaucoup plus difficilement se laisser conduire par le désir prémoral, par le désir de l'inconscient collectif. Le fusible parental fonctionne ainsi. En respectant l'autre, en n'allant pas au-delà du sentiment de respect, c'est lui même que l'enfant respecte avant tout. L'amour de l'autre n'est au fond rien d'autre que l'expression du respect, du souci, de l'amour que l'être a pour lui même. 
 
C'est bien une sphère familiale égide qui protège l'enfant des agressions, des tentations extérieures. Car en aimant l'enfant de manière désintéressée, l'enfant ne peut que plus difficilement valider une conduite qui irait à l'encontre de l'autre donc de soi. Si la société de l'enfance est souvent à l'image de la société dans son ensemble, la sphère familiale au travers de l'amour désintéressé protège véritablement l'enfant. Certes les copains de classe peuvent pousser l'enfant dans une impasse, c'est à dire au-delà de ce que l'enfant pourrait justifier à lui même mais si l'enfant cherche l'aval chez le parent il ne peut le trouver, il y a donc une suspension, une retenue. On voit que par l'amour désintéressé l'enfant est d'avantage enclin à résister aux « agressions » de l'extérieur, à ne pas se laisser dévoyer. Son jugement est maintenu en suspension.
En revanche, dès lors que le parent transmet à l'enfant du préjugés, valide la conduite prémoral de l'enfant par sa propre conduite prémoral, par son discours, par l'éducation à caractère « moral » qu'il transmet alors il donne à l'enfant le feu vert, peut être sans s'en rendre compte pour faire de l'autre un moyen.
Mais ce n'est jamais pour lui même qu'un enfant manipule un autre enfant, c'est pris dans le jeu de l'inconscient collectif. L'enfant est mis au ban de lui même comme le parent est dans la négation de soi. Ce n'est ni le parent, ni l'enfant ni la famille ainsi considéré qui sortent gagnant mais l’inconscient collectif qui rafle la mise ce qui ne va pas sans une certaine absurdité. Le fait de me désintéresser de l'autre, de ce qui passe sous mes yeux dans mon immersion sociale  n'est jamais l'expression de ma liberté, de ma puissance d'être mais en revanche celle de ma soumission au désir de l'inconscient collectif. Je deviens en quelque sorte un objet, la chose de l'air du temps.
Le respect de l'autre n'est pas une faiblesse mais l'expression sous-jacente de sa propre puissance d'être. C'est l'étant qui exprime sa puissance en refusant de s'engager au-delà de ce que la conscience de soi peut lui autoriser.
Dans la société c'est entendu on s'autorise en matière de jugement sur autrui, dans son propre dire et dans son propre faire à aller au-delà de ce qu'une conscience morale, de ce qu'en son for intérieur on pourrait s'autoriser en réalité à dire ou à faire. L'expression de la liberté va parfois, voire souvent au-delà de ce qu'elle serait dans le jugement d'autrui si elle passait par une liberté de pensée effective. Autrement dit l'expression en société est souvent l'expression de notre asservissement bien plutôt que de notre liberté (ES approfondira cette thématique dans un dossier complet sur la valeur fondamentale : Justice).
En ce cas le rôle du parent n'est-il pas de servir d'égide, de protection contre ces tentations ses vents chauds et humides qui contaminent l'enfant ?. Moralement n'est-il pas du ressort du parent de protéger l'enfant, sa santé morale, contre la pollution du préjugé ou celle de l'opinion, du tombeau que représente la fausse certitude ? La fosse certitude pourrait-on dire alors.

En manquant de respect à l'autre c'est toujours l'être lui même qui se dévisage, qui se chosifie par cette conduite.
Le parent qui aime l'enfant de manière adéquate va empêcher autant que faire se peut à l'enfant de se fourvoyer et la meilleure façon d'y parvenir est d'être soi même dans le respect de l'autre. Il y a une forme de conduite mimétique entre l'enfant et le parent. Si le parent au fond de lui respecte l'autre, respecte l'ensemble en ayant le souci de trouver un intérêt commun, a conçu l'enfant en ayant un souci pour l'intérêt commun alors cette atmosphère saine au sein de la sphère familiale va inspirer l'enfant. L'enfant sera ou aura plus de chances d'être d'aspiration sensualiste et morale ou il aura plus de chances de pouvoir facilement et sainement trouver l'usage de sa conscience morale palpitant en son sein. 
 
L'autorité est une contrainte chez l'enfant, il y a un chantage, il respecte l'autre par peur de la sanction autrement dit il ne respecte pas l'autre. 
Cette autorité, cette soumission car elle vient de l'extérieur, ce cadre carcéral quelque part ne peut être que provisoire. La problématique ici c'est qu'on pourrait se laisser croire que l'enfant aura d'abord une autorité extérieure, celle des parents, et que par la suite il se trouvera sa propre autorité, qu'il trouvera une auto-discipline libre et consciente, on se trompe lourdement.

Se permettre d'entraver l'autre, de lui faire du mal est injustifiable et c'est contre cette impasse, contre cette césure entre le dire et le faire de l'enfant et sa conscience que l'amour désintéressé se pose.
On verra toujours que la morale, le comprendre, la responsabilité ne sont jamais tant la bienveillance, la tolérance envers l'autre que le respect, la conscience et l'amour de soi. Car qui se respecte ne peut influencer l'autre en dehors de ce qu'il peut en conscience se justifier. Et qui manipule un autre, non pour la finalité de l'autre mais pour son intérêt particulier s'interdit assurément en conscience de pouvoir se le justifier, il n y a pas de sens au sens noble. L'inconscient collectif autorise sans doute ces « moves » mais l'inconscient collectif on en est là. Si l'enfant ou tout autre être s'engage au travers de son faire ou/et de son dire sans pouvoir se le justifier à lui même, c'est à dire en conscience, alors son engagement est incompatible avec la liberté rationnelle, il vaut donc aliénation d'un point de vue individuel
Il faut donc pour se conduire en l'espèce avoir rompu la relation avec sa conscience, c'est à dire avec soi. Or qui se respecte ne s'autorise pas, ne veux pas cette césure, cette dévitalisation, cette amputation. Je ne troque pas si l'on veut la conscience de soi pour une conscience collective valant inconscience individuelle.
Et encore une fois c'est bien l'amour désintéressé, sans équivalent du parent qui constitue une enveloppe protectrice, qui donc protège l'enfant contre lui même et cette société à la petite vertu. L'enfant voit l'autre comme une fin en soi non comme un moyen.

L'amour du parent qui donne l'amour de l'autre
L'amour désintéressé du parent aide l'enfant à s'aimer lui même non pas dans le prisme de l'amour propre mais dans l'amour de soi. L'amour désintéressé du parent donne à l'enfant l'amour de lui même, la curiosité de lui même, le respect de lui même et tout ceci réciproquement pour l'autre.
L'amour que l'enfant reçoit aide l'enfant à s'aimer lui même et détermine le type de rapport qu'il a avec lui même et les autres.

L'amour parental désintéressé vecteur d'amour désintéressé.
Quand le parent aime l'enfant d'une manière désintéressée, il ne biaise pas le jugement de l'enfant, il n y a pas de manichéisme chez le parent. Défait de ce manuel, de comment je dois voir ou entendre l'inconnu l'enfant est dans la suspension de jugement à juste titre l'inconnu conserve sa part de mystère. Juste titre car l'enfant ne sait positivement rien encore. C'est pour cela que l'on peut dire que l'amour désintéressé est vecteur de curiosité chez l'enfant car elle préserve l'inconnu. Donc elle va aider l'enfant a acquérir une connaissance dans la réalisation de soi.
Considérer l'enfant comme une fin en soi vectorise l'amour de soi, le respect de l'enfant pour lui même. L'enfant se considérant non pas comme une marchandise, comme un objet, une marque, une image, porteur d'une étiquette quelconque et par réciprocité ne fait pas de l'autre un moyen, un objet.
L'enfant qui a été conçu pour une cause extérieure, pour répondre à un désir qui ne le regarde fondamentalement pas, qui le déconsidère aura plus de mal à aimer de manière désintéressé comme il n'a pas été mis au monde pour cela. De plus un enfant qui a été conçu pour une cause extérieure sera éduqué ou grandira depuis ce prisme. 
L'amour particulier du parent ouvre les perspectives de l'enfant, l'ouvre sur l'extériorité, en dehors de la sphère familiale.

L'amour filial un amour « déterminé ».
L’enfant peut prendre conscience de cet amour, de cet attachement mais guère choisir si il doit ou non être attaché sensiblement à son parent. Or dès lors que l'enfant aime l'autre, cet autre étranger et distinct à la sphère familiale, il sort de cet amour déterminé. Cet amour n'était pas déterminé par avance à saisir l'un plutôt qu'un autre, il goûte à l'expression d'une certaine liberté, une émancipation. Prolongement naturel de l'amour parental-filial. L'enfant qui est aimé d'un amour désintéressé aura des chances de désirer aimer à son tour par cette voie désintéressée. Il a donc une saine attirance pour l'autre, l'autre extérieure à la sphère familiale. Il reproduit en quelque sorte l'amour désintéressé sur l'extériorité. Expression d'une liberté sensible, sans déterminisme parental puisque l'amour désintéressé se prive de séparer celui qui est digne de respect de celui qui n'en est pas. Ici l'enfant est libre du moins depuis l'identité parentale à aimer qui il veut. Il n'est pas orienté par une axiologie prédéfinie mais par une saine curiosité.
Il est sain que l'enfant s'éprouve en dehors de la sphère familiale, d'une manière indépendante.

L'amour de l'autre donnant l'amour de l'ensemble. C'est alors la communauté dans son ensemble qui tire sainement profit de l'amour désintéressé parental
« Si je te donne cet amour ce n'est pas pour les autres » en fait si.
Qui donne de l'amour désintéressé à son enfant, le fait en même temps pour la communauté.
Il est édifiant de percevoir que plus le parent, un être, donne de l'amour singulièrement à un autre l'enfant ; plus cet amour est restreint sur le plan de la quantité plus un grand nombre d’être en profitera. 
 
«Je » singulier et « Je » moral ne peuvent se passer du « nous »
Personne ne peut trouver son équilibre sans quelque chose de plus grand que lui, comme une atmosphère dans laquelle il inspire et expire. Tout être doit trouver quelque chose qui le dépasse, le transcende.
Finalement l'être moral passe au travers de deux stades fondamentales du souci du microcosme au souci de l'ensemble sans qu'il n'y ait paradoxe. Le sensible avait besoin de l'autre en tant qu'autre, de la plus petite des unités humaine. La morale va trouver l'ensemble depuis le « je » moral.
L'amour filial, l'amour de l'autre ouvre à la morale. Le sentiment sensible pour autrui, ne pas affecter négativement autrui ouvre sur l'intérêt commun car c'est l’intérêt commun, cette conscience qui gouverne ce même autre. L'être moral comprend que cet autre dépend majoritairement de l'inconscient collectif, du cadre commun et donc c'est cet ensemble qui devient le souci premier de l'être.
Si j'ai le souci de l'autre je fini par avoir le souci de l'Ensemble, de relier l'un et l'autre de façon idoine. Ce qui oppose x et y sous la conscience collective actuelle, est résolu sur l'intérêt commun. Cette réalité vient résoudre la problématique morale, la recherche de sens de l'être « moral ».
Le sentiment sensible pour autrui oriente l'enfant sur le chemin du respect de la loi moral.

Se défaire du cadre parental, se tourner vers l'extérieur n'est en rien chez l'enfant la marque d'un manque d'amour, de reconnaissance à l'égard de ses parents.
C'est cet amour désintéressé parental qui permet à l'enfant de trouver des considérations, des soucis en dehors de la sphère familiale. L'enfant apporte sa pierre à l'édifice. Il est un être appartenant à l'Être. Quand un maître fait bien son travail l'élève devient autonome et indépendant. Les idées, ses convictions, ses goûts ne sont plus liés au maître et c'est en cela que le maître a réussi. Quand l'enfant ou le jeune adulte jugera car il jugera il devra le faire en conscience, en son for intérieur et de ce fait son historicité personnelle ne jouera pas un rôle premier dans cette prise de position. Il n y aura pas le prisme de l'enfance ou la matérialisation de l'autorité parentale, d'un chantage affectif. C'est en cela que l'on dit que dans la sphère fondamentale de l'être, dans son exécutif, son enfance n'entre plus en ligne de compte. Et dans ses penchants, ceux-ci son idiosyncrasiques donc défaits du déterminisme social ou parental. Il ne donne pas prévalence au prisme de son historicité. L'enfant est sensibilisé librement et en conscience à l'autre, autre étranger à la sphère familiale.

L'amour parental et les valeurs sentimentales
Dans le respect que l'enfant a de lui même, dans le respect qu'il a avec les autres, dans sa sensibilité transparaît en filigrane l'amour reçu et en cela des souvenirs palpables et concrets. La valeur sentimentale qu'il attribue à tel moment, à tel souvenir sous la sphère familiale ne lui donne pas pour autant l'aval de juger ainsi, d'accorder à cette valeur une valeur absolue qui viendrait trouver inimitié vis à vis d'autrui. Le sentiment de l'historicité personnelle est entravé par la conscience morale, par le sentiment du respect de l'autre. Les empreintes de l'enfance sont combattues au profit d'une objectivité. L'objectivité extérieure n'est pas froide elle est l'expression de la conviction, de l'éprouvé rationnel que mon intérêt, l'intérêt de l'autre, de l'intérêt de mon enfant passe avant tout par l'intérêt commun, par le bien, de l'ensemble. 
L'enfant devenu moral comprend que l'on peut être attaché aux souvenirs de son enfance, il l'est probablement lui même et comprend alors que chaque être peut avoir cet attachement sensible. Cela dit il n y a pas de vivre ensemble possible si chacun essaye d'imposer son attachement sensible si chacun désire que le cadre commun convienne à son image, à sa sensibilité provenant du prisme de son éducation, de son histoire personnel. Cet attachement est alors dépassé dans l'engagement de l'être au travers son dire et son faire. Dépassé au profit d'un intérêt propre compatible avec l'intérêt commun. L'amour que l'enfant a pour ses parents, pour lui même et pour l'autre à donné naissance à un amour potentiellement universel.

La préservation de l'enfance revient à protéger l'enfant contre les fausses certitudes, contre lui même quand il se fait hâbleur, faire qu'il conserve une curiosité pour lui même, pour l'autre, pour ce qui l'entoure. Car évidemment lorsqu'il reprend à son compte les affirmations des autres l'inconnu cesse d'être pour lui l'inconnu et de ce fait ignorant qu'il est ignorant, il ne peut décemment avoir le désir d'apprendre, de découvrir. Découvrir ce qu'il a sous les yeux, l'autre avec lequel son regarde se mélange. Il ne s'agit pas de donner une morale à l'enfant, un manuel éthique pour contrôler la mauvaise morale de la société. Pour contrer la "mé-influence" d'autrui. Mais de l'aider autant que faire se peut à conserver sa suspension de jugement.

Ce que le parent affirme l'enfant n'est pas en mesure d'affirmer lui même, il laisse obligatoirement au crédit des autres leurs affirmations
Pour que l'enfant grandisse moralement il faut que ce soit lui qui affirme en autonomie ou qui puisse le faire quand il sera devenu en âge de le faire. L'enfant a une juste incertitude envers ce que les autres affirment, non pas qu'il serait en mesure de dire que ce que l'autre affirme est faux mais que lui-même ne peut affirmer ce que l'autre affirme, il ne peut en devenir le titulaire. Ce qui fait que ce que l'autre affirme n'appartient pas à l'enfant, n'est pas l'enfant. Il est donc sain de voir l'enfant avoir une incertitude ou plus exactement de ne pas reprendre pour lui ce que le parent affirme. Si le parent voit en cela une forme d'insoumission une désobéissance il se trompe car cette incertitude est avant tout une saine obéissance à ce qui est. L’enfant distingue ce qu'il dit ou fait en conscience de ce qu'il fait par suivisme, par soumission à une autorité extérieure. Il est évident qu'il est sain que l'enfant aspire progressivement à parler, à faire en conscience plutôt que de continuer à dépendre si bien dans son dire, si bien dans son faire d'autres que lui. 
 
La morale extérieure n'est jamais en soi moral
Dans le cas où les valeurs parentales seraient en elles même morales ce qui fait qu'elles deviennent concrètement morales c'est qu'elles siègent en l’être d'une manière immanente. Dire : « le parent m'a donné des valeurs morales, de bonnes valeurs » est donc impropre. Faire de l'éducation une transmission de valeurs droites, à caractère morale ou éthique ne fait pas sens.
La morale n'est donc pas directement transmissible. Si on ne peut pas transmettre des valeurs morales on peut en revanche autant que faire se peut donner un amour, une vigilance désintéressée qui aidera l'enfant à marcher sur la voie de la majorité morale, à conquérir les valeurs morales, à y consentir librement en éprouvant de lui même leurs véracités. 
 
On ne peut donc donner une éducation morale car la morale ne sera pas assimilée sainement par l'enfant. Puisque la morale est un cheminement intérieur, personnel, libre, indépendant, autonome. Penser par soi même, de soi même, pour soi même, de soi même. Ce qui permet une bonne assimilation de la matière sensible en matière intelligible, éthique en morale est l'amour désintéressé. La croissance morale est issue de ce que l'enfant perçoit, de la transformation de cette matière première, y mettre du sien. 
Si l'enfant pour être droit doit penser par lui même il est évident que ce qu'il pense ne peut directement dépendre de ce qu'il a reçu de ses parents. Encore une fois pour que la croissance morale de l'être ait lieu ce n'est pas des valeurs qu'il faut transmettre mais de l'amour désintéressé. Car l'amour désintéressé à la particularité de ne pas « empreinter » l'être mais de l'aider à conquérir sa liberté, à en faire conquête, à la rendre nécessaire. 
 
« Il m'a été donné une bonne éducation, des bonnes valeurs par mes parents » est impropre car ce n'est pas au parent de donner des valeurs à l'enfant mais à l'enfant indépendant de trouver ces valeurs, de les épouser en conscience. Si mes valeurs sont issues de l'extériorité alors elles ne peuvent être morales.
Si l'enfant y est sensible, à ces valeurs issues de l'éducation parentale, c'est parce qu'il tient à ses parents, il en est attaché sentimentalement.
Ce ne sont pas les valeurs prises intrinsèquement qui font que l'enfant y tient mais le lien sensible qu'il le lie à ses parents. Il y a donc du sensible dans son jugement, son jugement est altéré, il ne peut être un jugement moral. La parent ici, inconsciemment, profite du lien particulier qu'il a avec l'enfant, de l'amour filial pour lui glisser une éducation faussement morale. D'ailleurs quand on regarde la morale de travers, peut être en faisant "pfff"  seul est concerné la morale imposée de l'extérieur, la fausse morale donc.



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